Le vent, responsable de la forme des piles



   
Nous allons maintenant étudier la forme particulière des piles qui a pour but de résister aux contraintes s’exerçant sur le viaduc. Pour cela, nous allons considérer la pile P2, qui est la plus haute et la plus spectaculaire des sept piles.

     Ce n’est pas une pile uniforme de haut en bas. En effet, à environ 100 m du bas, elle se dédouble. Cependant le logiciel que nous utilisons ne nous permettant pas d’étudier les forces d’une telle structure, nous considèrerons qu’il s’agit d’une pile uniforme dont voici les plans vu de dessous :

     Nous constatons qu’il ne s’agit en réalité pas d’un polygone parfait mais d’une structure bien particulière et symétrique lui permettant de mieux résister aux pressions exercées par le vent dans cette région "houleuse".

    Nous expliquons ceci de deux manières complémentaires :

·        Tout d’abord, on explique l’aspect allongé de la pile par sa meilleure prise au vent. En effet la pression exercée par le vent sur le pilier, est consécutive à l’accélération que doit avoir le vent pour contourner l’obstacle qu’est la pile. Plus l’obstacle est grand, plus le vent doit accélérer pour le contourner, plus les risques de dépression et de formation de mini tornade sont élevés. Ainsi, le fait de construire des piles allongées plutôt qu’hexagonales favorise la prise au vent et évite les dépressions qui risqueraient de faire basculer les piles ou bien de les faire trop osciller.

      Mais l’obstacle est bel est bien toujours présent et des dépressions se forment par conséquent au niveau des piliers. Pour y remédier, les ingénieurs ont donc choisi de construire des piles parfaitement symétriques afin que les dépressions se compensent de chaque côté de la pile et que cette dernière évite alors de bouger.

·     Mais il existe une autre raison pour expliquer cette forme et cette orientation des piles.

     En effet, l’inertie de la pile joue un rôle très important dans sa formation.

     L’inertie d’un objet se calcule à partir du plan normal à cet objet : il s’agit d’une valeur mesurant le risque que l’objet se casse.

     Par exemple, si on assimile la pile P2 à une pile à base rectangulaire, on obtient alors une hauteur h et une base b à cette figure en sachant que les forces qui s’exercent sur l’objet (en l’occurrence le vent) ont toujours une direction perpendiculaire à la base :

    

     L’inertie se calcule selon la formule suivante : (bh3)/12 et s’exprime en m4.

     De cette façon, plus l’inertie est élevée, plus le risque de cassure est faible et inversement.

   On expliquerait ceci plus facilement à notre échelle en prenant un double décimètre. Il est bien évident que suivant le côté que l’on considère comme la base il y a beaucoup plus de chance de cassure dans un cas que dans l‘autre :

       Il apparaît ici bien évident que les risques de casse sont bien plus grands dans le premier cas que dans le deuxième. Ceci vient de l’inertie de la règle :

(b2h23)/12 > (b1h13)/12

 

          Ainsi, on comprend bien la forme de la pile P2 qui a ainsi une inertie beaucoup plus grande que si elle était de forme hexagonale ou positionnée dans l’autre sens.

            On constate donc que les effets du vent sur les piles ont du être un problème majeur lors de la construction du viaduc qui a été résolu par la forme dont elle dispose aujourd’hui.

           On se rend compte que le viaduc est soumis à de nombreuses contraintes qu’il est important d’étudier avant sa construction. Toutes ces contraintes sont principalement physiques et consécutives aux forces s’opposant au viaduc que la taille ne favorise pas. Le viaduc de Millau apparaît ainsi comme une prouesse technologique tant par sa taille que par la qualité des études qui ont été faites à son propos.

 

Le Viaduc de Millau - TPE 03/04